Cette quasi-unanimité des
industriels à souligner l’essoufflement du modèle de développement actuel et la
nécessité de procéder à sa transformation en profondeur s’explique par la
persistance des inégalités sociales et territoriale, la faiblesse de la capacité
de création d’emploi et l’aggravation du chômage, précise le CMC dans une note
sur cette enquête réalisée durant le premier trimestre de 2018. Elle est due
également à l’essoufflement de la croissance, à la déficience du système de
gouvernance, à la faible diversification productive, à l’insuffisance de la
compétitivité, à la faiblesse du secteur exportateur, à la faible convergence
vers les pays émergents, à la faiblesse des rendements des investissements et à
la détérioration des équilibres financiers, ajoute la même source.
Le CMC fait savoir à ce propos que
dans le cas d’une éventuelle révision du modèle de développement de l’économie
nationale, 85,7% des industriels sondés pensent que la nouvelle stratégie doit
combiner le développement du marché intérieur et l’intégration des marchés
internationaux, tandis que 28,6% proposent une stratégie de compétitivité,
d’ouverture, d’intégration des marchés internationaux et d’exportation et 11,9%
n’écartent pas une stratégie axée principalement sur le développement du marché
intérieur. La réussite d’une telle stratégie doit, selon les patrons marocains,
s’appuyer en priorité sur le développement régional et la réduction des
inégalités pour 75% d’entre eux. L’amélioration des performances économiques et
la convergence vers les standards des pays émergents viennent en second lieu.
C’est ce que confirment, respectivement, environ 59,5% et 54,8% des sondés.
Ainsi, l’éducation, la formation, le
renforcement des compétences et le développement du capital humain viennent en
tête des leviers sur lesquels il faudrait agir pour relever ce défi selon 18%
des chefs d’entreprises, suivis par l’accélération des réformes visant
notamment l’amélioration du climat des affaires, des performances de
l’administration, du système fiscal, du système judiciaire et la
décentralisation (16%) et l’amélioration du système de gouvernance (14%).
Il s’agit aussi du développement des
infrastructures de base (11%), de la promotion des activités de recherche &
développement dans les secteurs public et privé (11%), de l’intensification de
l’investissement et du processus d’accumulation du capital physique (9%), de
l’amélioration de la compétitivité et intégration plus poussée des marchés
internationaux à travers les flux de biens, services et capitaux (9%) et de la
facilitation des moyens de financement de l’entreprise (8%).
Par ailleurs, le CMC a indiqué que
66,7% des responsables d’entreprises pensent que le rôle que devrait jouer
l’Etat dans le nouveau modèle de développement de l’économie marocaine est,
surtout, celui de facilitateur, de régulateur, de partenaire et
d’accompagnateur des initiatives privées.
Un Etat intervenant par le
truchement du secteur public dans l’économie (Etat développeur) n’est apprécié
que par 23,8% des personnes sondées alors qu’un Etat fixant les choix
stratégiques à long terme et les conditions de leur réalisation (Etat stratège)
est souhaité par 50% des opérateurs.
Dans cette perspective, les
opérateurs du secteur privé se disent prêt à participer à une dynamique
qu’impose la nécessaire évolution du modèle de développement de l’économie
marocaine. Les secteurs à dynamiser davantage dans le nouveau modèle de
développement sont en priorité le secteur industriel et les activités de
service, suivis de l’agriculture, de l’énergie et du secteur touristique.
Selon les résultats de l'enquête,
les options stratégiques privilégiées par les industriels sont successivement
le développement de l’économie sociale et solidaire, le développement de
l’économie numérique et le développement de l’économie verte.