Sur la foi des différents
indicateurs et des indices précurseurs avancés, il ressort que « les
performances de l’économie nationale s’annoncent prometteuses pour l’année
2020», a-t-il été souligné lors d’un point de presse tenu à Casablanca,
relevant que la performance de l’exercice prochain devrait remettre le curseur
au bon endroit et permettre ainsi une relance vigoureuse de l’économie au cours
de cette troisième décennie du millénaire.
En effet, malgré les hypothèses
moyennement bonnes retenues aussi bien pour l’environnement international que
pour les principaux déterminants de l’économie nationale, «nous projetons un
taux de croissance de 4,6% au titre de l’exercice 2020 contre 2,6% pour
l’exercice en cours», a indiqué le directeur général du CMC, Ahmed Laaboudi.
« Les signes précurseurs observés
laissent présager un certain relâchement des tensions économiques et
financières favorables à cette orientation soutenue », ont tour à tour soutenu
Ahmed Laaboudi et M’Hammed Tahraoui (membre du CMC), à l’occasion de la présentation
du rapport annuel dudit Centre (« Maroc Perspectives »), intitulé « 2020, année
de rattrapage ? ».
Après une année 2019 relativement
sèche où le secteur agricole a été affecté à travers la céréaliculture, le CMC
a estimé que l’économie nationale devrait, avec toutes les précautions d’usage,
enregistrer un bond notable l’année prochaine. Et le CMC de préciser que son
scénario exploratoire se base sur une donne d’hypothèses moyennes, un
relèvement de la production agricole et sur un prolongement suffisamment
dynamique des tendances des autres secteurs.
Quoi qu’il en soit, la croissance de
2020 dépendrait pour beaucoup de la campagne agricole prochaine dont les
résultats seraient, selon toute probabilité, bien meilleure que ceux de la
campagne qui vient de s’écouler, a affirmé le Centre, ajoutant que la campagne
céréalière 2020 /2021 serait moyenne et déboucherait sur une évolution en
volume de 10% de la valeur ajoutée agricole en 2020.
Concernant les activités du secteur
manufacturier, il ressort des premières projections du CMC qu’elles
poursuivraient une trajectoire ascendante pour 2020.
En effet, la valeur ajoutée en
volume des industries manufacturières afficherait une progression de 3,4%;
l’industrie extractive consoliderait les acquis réalisés durant les trois
dernières années avec un taux de croissance de 5,5% ; le secteur du BTP
trouverait le sentier de la croissance, sa valeur ajoutée évoluerait de 3%, a
souligné M’Hammed Tahraoui.
Pour leur part, les ventes de ciment
et les crédits à l’immobilier attesteraient cette bonne orientation et le
secteur tertiaire devrait enregistrer un taux de croissance global de 3,9%,
a-t-il poursuivi relevant que le secteur tertiaire devrait enregistrer un taux
de croissance global de 3%.
Après avoir subi une érosion au
cours de 2019, « la consommation des ménages devrait connaître un nivellement
substantiel pour compenser la perte de pouvoir d’achat essuyée cette année »,
a-t-il estimé.
Au chapitre emploi, le CMC parle
d’une détente relative du marché du travail consécutive au relèvement attendu
de la production agricole et à la reprise que connaîtrait le secteur du BTP.
Ainsi, et à la faveur des recrutements que le secteur public pourrait
effectuer, le taux de chômage devrait fléchir de 0,3 point par rapport à celui
de l’exercice en cours ».
A propos des prévisions de
croissance pour l’année 2019, Tarik El Malki, membre du comité scientifique du
CMC, a estimé qu’«elles sont modestes pour ne pas dire faibles. On prévoit 2,6%
de croissance pour cette année. Ce qui nous interpelle, dans la mesure où pour
véritablement pérenniser son développement économique le Maroc a besoin
d’arriver à des taux de croissance de 6% à 7%. La mauvaise année agricole a
donc engendré un taux de croissance assez modeste ».
S’agissant du scénario de rattrape
fixant le taux de croissance pour l’année 2020 à 4,6%, il a estimé que « ce
n’est pas un exploit en soi dans la mesure où ce taux intervient après un 2,6%.
Ce qui pose un certain nombre de questions de fond, notamment concernant le
niveau de l’investissement par rapport au PIB, qui se situe autour de 30%, mais
n’impacte pas réellement la croissance sur le plan quantitatif ou quantitatif»,
a-t-il commenté, notant que le chômage reste même alarmant, malgré les
indicateurs donnés par le Haut-commissariat au plan (HCP).
Soulignons que l’objectif de cette
rencontre était de présenter le bulletin spécial publié à l’instar de chaque
année par le CMC qui consiste à exposer les prévisions de croissance pour
l’année en cours et le cadrage pour l’année suivante.
Ainsi que l’a fait remarquer Tarik
El Malki, « pour cette année, cet exercice intervient dans un contexte
particulier marqué par la réflexion nationale autour du nouveau modèle de
développement dans ses multiples dimensions institutionnelle, économique et
politique, financière, sociale et
culturelle », notant que S.M le Roi a appelé dernièrement de ses vœux à la
refonte du modèle qui a prévalu ces trente
dernières années.
A ce propos, a-t-il rappelé, le
Centre a déjà élaboré un certain nombre de scénarii, à l’issue d’un bulletin spécial
publié il y a une année où on proposait des voies d’émergence sur la base d’un
certain nombre de scénarii de croissance.
“L’hypothèse de base était que le
modèle économique orienté vers la demande intérieure était arrivé à saturation
et la meilleure preuve, c’est que le taux de croissance moyen de ces dix
dernières années n’a pas dépassé les 3,5% de croissance par an”, a-t-il
rappelé.
A noter que sur le plan
international, le CMC est persuadé que les réunions et les négociations qui se
sont succédé ces derniers temps augurent d’un armistice partiel de la guerre
commerciale entre les Etats-Unis et la Chine et qu’elles «dégagent aussi des soupçons
d’un dénouement favorable au problème du Brexit ».
Il prévient toutefois que « des
zones d’ombre persistent (encore) et pourraient parasiter la trajectoire des
performances prévues voire inverser la vapeur de cette heureuse tendance ».
Allusion aux situations assez chaudes de quelques points géopolitiques, conflit
entre les Etats-Unis et l’Iran, la dette financière qui s’est exacerbée pour un
grand nombre de pays et la volatilité du pétrole.