«Alors
que l’on s’attendait à une profonde reconfiguration de la politique budgétaire
dans la perspective de l’adoption d’un nouveau modèle de développement, le
projet de budget semble opter pour la continuité qui, dans le contexte actuel,
signifie le maintien de l’option de rigueur budgétaire», analyse le Centre
marocain de conjoncture dans une note d’information consacrée au Projet de Loi
de Finances 2020
Pour
le Centre, «les mesures préconisées dans le cadre de la programmation
budgétaire pour l’année à venir, que ce soit au plan de l’affectation des
ressources, du volume des dépenses, de l’effort d’investissement ou encore de
la structure de la fiscalité relèvent en effet plus du fine-tuning que d’un
véritable renouveau de la politique économique».
Les
économistes du CMC déplorent ainsi que le budget semble remettre au second plan
les objectifs premiers assignés à la politique budgétaire que sont,
fondamentalement, l’accélération de la croissance, l’amélioration des revenus
et la protection du pouvoir d’achat, pour réduire son rôle à la gestion des
équilibres financiers et la mise en concordance du système fiscal aux normes
fixées par les partenaires commerciaux de proximité.
«Cette
option s’avère dans le contexte actuel d’autant plus improductive qu’elle
intervient à un moment où l’économie a besoin de soutien pour conforter la
reprise attendue du cycle des affaires», regrette le CMC.
Dans
ce cadre, les actions retenues dans le cadre du budget prévisionnel se révèlent
cependant «nettement insuffisantes» pour répondre aux impératifs de croissance
et de création d’emplois.
Ralentissement
de l’Investissement public
L’activité
économique en 2020 pourrait connaître une croissance de 4,6 %, soit 2 points de
plus que l’année en cours, sous l’hypothèse d’une pluviométrie suffisante et
relativement bien répartie, souligne le document.
Le
CMC note par ailleurs que l’effort d’investissement public, (78 milliards de DH
de crédits de paiement en 2020) a tendance à ralentir. Le volume global des
investissements incluant l’ensemble des acteurs publics se situerait selon les
prévisions du budget à 198 Milliards de DH, en hausse d’à peine 1,5 % en valeur
nominale, constate le CMC
Rapporté
au PIB, l’effort d’investissement public s’est réduit de près de 2 points et
demi depuis 2016 en passant de 18,7 % à 16,3 % projeté pour l’année 2020.
Appelle
à une révision de la politique monétaire
Selon
une évaluation réalisée par le CMC, les effets de l’ensemble des mesures
prévues dans le projet de budget devraient aboutir à une injection d’une
dépense supplémentaire dans le circuit économique de l’ordre de 11,2 Milliards
de DH.
«Ce
résultat qui, en termes nominaux, représente à peine 0,9 % du PIB apparaît
insignifiant compte tenu des exigences de la relance de l’activité économique
et de la promotion de l’emploi», estime le CMC, qui se dit «interpellé» par la
pertinence des choix budgétaires dans un contexte de rareté des ressources.
Le
Centre ne manque pas, par ailleurs, de critiquer la politique menée par Bank
Al-Maghrib. Il appelle ainsi «à ce que la politique monétaire puisse apporter
plus de soutien à l’investissement en garantissant des conditions de
financement plus accommodantes pour l’entreprise».
Selon
le document, le contexte macroéconomique marqué à la fois par un repli de la
croissance et par une inflation faible et qui s’apparente, de plus en plus, Ã
une situation de déflation, offre l’opportunité d’actionner les instruments
monétaires appropriés pour une véritable relance de l’activité.
Pour
le CMC, «l’option d’une révision de la conduite de la politique monétaire, ses
priorités, ses instruments et ses objectifs ultimes s’impose de plus en plus
avec la faiblesse persistante des activités du crédit qui ne cesse de plomber
le cycle des affaires depuis plusieurs années».