Le taux serait de 2 points plus
faible en comparaison avec les premiers pronostics qui s'appuyaient sur
l'hypothèse d'une reprise plus rapide de l’économie mondiale et d’une loi de
finances rectificative agressive.
Dans leur analyse, les économistes
du CMC se sont basés sur trois événements. D'abord la flambée de la pandémie
aux Amériques, en Inde et l’émergence d’importants clusters dans les autres
régions. Ensuite, l’exacerbation de la récession de l’économie mondiale qui a
pris de court bon nombre de prévisionnistes et surtout la déprime qui a enfoncé
les économies des principaux partenaires du Maroc. Le taux de croissance
mondiale estimé à -3% en avril est en retrait de 2 points soit à un niveau de
-5%.
Enfin, la loi de finances
rectificative dont l’orientation budgétaire
est jugée à contre-sens puisqu'elle vise laÂ
stabilisation des équilibres des finances publiques alors que l’économie
nationale traverse la pire récession de son histoire récente. «La politique
budgétaire restrictive retenue dans la loi de finances rectificative
n’effleurait même pas les esprits des adeptes du maintien des équilibres
financiers», commentent les économistes
du CMC.
Or la majorité des états ont dérogé
aux règles de prudence budgétaire en matière de déficit et d’endettement en vue
de sauvegarder l'emploi et soutenir les entreprises en difficulté. Le CMC
explique que «la politique budgétaire devrait être ponctuellement audacieuse
pour réparer en partie les dégâts causés par la pandémie au tissu économique et
apporter un fort appui à la demande finale qui souffre péniblement d’une atonie
jamais enregistrée». Elle devait créer un contrechoc pour stopper «la profonde dépression» provoquée par l’arrêt de
nombreuses activités, les pertes de revenus et d’emplois.
Les mesures fiscales, les aménagements
des paiements des crédits, soit les mesures d'aide mises en place sont
indispensables au soutien des entreprises fragilisées. Elles restent néanmoins
insuffisantes pour faire sortir l’économie de la situation où elle se trouve et
redonner confiance aux opérateurs. Une
politique budgétaire agressive et un plus fort engagement de l'Etat à travers
le lancement de chantiers d'envergure par le budget sont jugés plus opportuns.
Or,Â
en dehors des investissements programmés dans le cadre du Fonds spécial
pour la gestion de la pandémie du coronavirusÂ
financé à plus «de 60% par les contributions bénévoles», les engagements
initiaux prévus par la loi de finances 2020 ont été révisés à la baisse.
Le CMC reconnaît que la situation relative aux ressources est particulièrement désastreuse. Elles sont marquées par la baisse de près de 17,4% des recettes du budget général. Les comptes spéciaux ont eux enregistré une augmentation de l’ordre de 23% grâce au «Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus» alors que les recettes d’emprunt (moyen et long terme) ont évolué de 40% soit une augmentation de 39 milliards de DH.
«En dépit de la pression exercée par
la crise sur les marchés financiers, des marges de manœuvre pour l’économie
nationale existent et restent à explorer sans mettre les équilibres financiers
en danger», soulignent les économistes du CMC.
Dans ses prévisions, le CMC table
sur un taux de croissance du PIB en termes réels de 5,5% pour 2021. Un taux qui
serait le résultat du relèvement des activités permettant pour certaines de
retrouver le palier du potentiel de croissance de 2019. Le scénario du CMC
table sur une contribution dynamique et généralisée de tous les secteurs
d’activités au profit de la croissance de l’année 2021. L'industrie devrait
tirer profit du plan de relance. ElleÂ
afficherait une croissance en volume de l’ordre de 3,6%. Le BTP
bénéficierait du redémarrage des chantiers mis en veilleuse en 2020 et ceux qui
seront éventuellement programmés dans la loi de finances 2021.
La valeur ajoutée agricole
progresserait de 11,3% sous l’hypothèse d’une récolte céréalière de 70 millions
de quintaux. Les mesures d’aide au profit des agriculteurs participeraient à ce
résultat. Pour 2022, le taux de croissance serait de 4,1%.