La rigueur de la politique monétaire
continuerait à prévaloir malgré l’amélioration des réserves de change et la
relative accalmie qui caractérise l’évolution des prix. La banque centrale
maintiendrait son taux directeur à 2,25%. S’agissant de la politique
budgétaire, le projet de Loi de Finances 2019 présente une configuration
foncièrement prudente, elle serait tout sauf dispendieuse. Autrement dit, la
maîtrise des agrégats macroéconomqies est maintenue. « Les priorités et objectifs
retenus accordent une place privilégiée au développement des secteurs sociaux
et à la promotion de l’investissement et de l’infrastructure de base. Mais le
projet de Loi de Finances rappelle en même temps et prend soin de préciser que
l’exécution de ces orientations va s’opérer dans le cadre et les conditions du
respect de l’assainissement des finances publiques, de la réduction du déficit
budgétaire et de la consolidation des équilibres macroéconomiques », tiennent à
préciser les conjoncturistes. En effet, face à l’importance des attentes et
besoins dans les domaines de la santé, de l’enseignement et de l’emploi, les
ressources financières allouées à ces secteurs s’avèrent insuffisantes. Les
budgets du Ministère de l’éducation nationale et de celui de la santé ne
connaîtraient que des relèvements respectifs de 4,6% et de 10,4%. Au niveau
global, le projet prévoit pour les dépenses de fonctionnement, considérées
comme peu compressibles, un taux d’évolution entre 2018 et 2019 de l’ordre de
8,7%%. Dans le cadre de cette grande rubrique budgétaire et pour renforcer les
ressources humaines des départements ministériels, un peu plus de 25.000 postes
seront ouverts pour l’exercice 2019. Pour le volet investissement, les crédits
alloués au budget d’équipement devraient atteindre 73,4 milliards de dirhams
affichant une augmentation de 7,5 % par rapport au budget de l’année en cours.
Ces dépenses seront dédiées aux grands chantiers d’infrastructures et aux
projets destinés au désenclavement des zones isolées. Toutefois, il y a lieu de
signaler que l’investissement public dans sa globalité (incluant aussi les
comptes spéciaux, les SEGMA, les entreprises et les établissements publics,
ainsi que les collectivités territoriales), qui est considéré comme le levier
principal susceptible d’engendrer une dynamique économique et sociale, ne
serait que d’environ 195 milliards de dirhams ce qui équivaut au volume
d’investissement programmé pour l’année 2018. Du côté des ressources et face à
ces dépenses budgétaires, les recettes ordinaires au sens propre du mot ne
seront pas au rendez-vous.
Les
recettes fiscales s’avèrent limitées
Les dispositions fiscales inscrites
dans le projet de loi de finances qui cherchent à accompagner et protéger les
activités productives et à améliorer leur productivité, ne permettraient pas de
dégager suffisamment de ressources pour augmenter d’une manière substantielle
la capacité de financement de l’Etat. « Basés sur un taux de croissance
d’uniquement 3,2 % prévus dans le cadrage macroéconomique du budget, les impôts
projetés pour 2019 ne connaîtraient que des évolutions similaires à la
croissance qui se situeraient aux alentours de 3% », informent les analystes du
Centre marocaine de conjoncture (CMC). Et si ce n’étaient les produits des
monopoles d’exploitations et des participations de l’Etat et les recettes que
pourraient procurer les cessions de certaines participations de l’Etat
programmées pour 2019 (5 milliards de dirhams), les recettes du budget général
n’arriveraient pas au montant prévu de 243 milliards de dirhams et
n’afficheraient pas l’importante évolution de 6,7% en rapport avec l’exercice de
2018. Dans le cadre de ces perspectives budgétaires qui traduisent un soutien
prudent des pouvoirs publics aux activités économiques, l’objectif recherché de
réduction du déficit budgétaire à un niveau « soutenable » devrait se réaliser
au terme de l’exercice 2019. En croisant les informations budgétaires contenues
dans le projet de Loi de Finances et les dernières prévisions de croissance
établies par le CMC, le déficit budgétaire ne représenterait que 2,8% du PIB.