La crise économique est bien
installée et ses conséquences ne s’atténueraient pas de sitôt, affirme le
Centre Marocain de Conjoncture (CMC), dans sa note du mois de mai, dans
laquelle il présente les différentes pistes à envisager pour la relance de l’économie
nationale. En effet, la prorogation de l’état d’urgence sanitaire exacerbera la
décroissance prévue pour l’exercice 2020 et empêchera les activités lors de la
reprise au second semestre de compenser les décalages de production enregistrés
au cours des premiers mois de l’année.
Pour le CMC «le choc économique est
tellement fort, tel un foyer sismique, que ses impacts dépasseraient la
présente année calendaire et ses ondes iraient au-delà pour affecter les
performances économiques de 2021 et des années suivantes». Il est donc urgent
pour véritablement sortir de cette crise que des stratégies conséquentes se
mettent en place pour soutenir les entreprises et trouver d’autres
organisations et des modes de production susceptibles de faire face à terme Ã
ce genre de crise et aussi pour apporter un fort appui à la demande qui souffre
d’une atonie sans précédent.
Le CMC propose ainsi deux
orientations phares de relance, qui pourraient être mises en œuvre et ceci
«sans tarder». La première réside dans des actions et mesures d’urgence pour
créer un contrechoc et essayer d’inhiber le profond creux provoqué par l’arrêt
des activités, les pertes de revenus et l’exacerbation du chômage. La seconde
consiste à établir une nouvelle vision et un modèle de développement qui
prendraient en considération les enseignements tirés de cette expérience, ceci
en plus d’élaborer des plans stratégiques à terme dans une cohérence globale.
Actions à court terme
A l’occasion de son bilan de
l’année, le Centre marocain de conjoncture a révisé encore à la baisse ses
prévisions sur la base des indices précurseurs de conjoncture et en prenant en
considération les nouvelles informations relatives aux conséquences de la
crise. L’économie nationale connaîtrait un recul appréciable de -4,3% pour
l’exercice en cours. Face à ce résultat déplorable, le CMC estime que les
mesures à prendre d’urgence commenceraient tout d’abord par adopter une
politique budgétaire plus agressive qu’à l’accoutumée, et ce à travers une loi
de Finances rectificative consistante soulageant les entreprises et la
consommation des ménages sur la base de plans de relance coordonnés : augmenter
d’une manière significative le budget du ministère de la Santé en priorité
absolue et celui des secteurs sociaux ; prévoir des abattements sur les charges
sociales et l’impôt sur le revenu et des moratoires sur le paiement des impôts
; permettre le rééchelonnement ou un différé de paiement des crédits bancaires
; renforcer encore plus le soutien par des prix préférentiels des inputs et des
investissements de l’agriculture. Par ailleurs, le CMC propose la possibilité
de généraliser la couverture médicale à l’ensemble de la population en
profitant cette nouvelle base de données actualisée qui a permis la
distribution des aides de subsistances, ceci permet d’«étudier la possibilité Ã
partir du mois de juillet de transformer cette aide accordée aux ménages en un
système pérenne de primes de chômage» affirme le CMC dans sa note.