Celui-ci cumule les déficits au plan
des revenus, de l’emploi et du développement humain. Dans les campagnes, les revenus par personne
sont nettement inférieurs à la moyenne nationale. Et, laÂ
baisse de la valeur ajoutée agricole dans un contexte épidémique pèse
sur les catégories défavorisées des zones rurales.
Une part importante des populations
de ces zones pourrait basculer sous le seuil de pauvreté. De quoi ralentir le processus de convergence
de niveau de vie entre le milieu urbain et rural amorcé au cours des vingt
dernières années.
En attendant une actualisation des
données sur les revenus dans le rural, le CMC s’est focalisé sur l’emploi.
Partant de la prévision d’une hausse du taux de chômage global de 5,6 points Ã
14,8%, le Centre estime que la campagne sera particulièrement affectée. Car le
monde rural contribue en moyenne pour 40% à l’emploi total et l’augmentation du chômage devrait affecter particulièrement la population
active rurale surtout que la sécheresse réduit les opportunités d’emploi.
Dans cet environnement, les
déséquilibres imposent la mise en œuvre d’une véritable stratégie de
développement permettant de valoriser le potentiel économique de la campagne.
Mais aussi de relancer, à la faveur du nouveau contexte post-épidémique, le
processus de convergence par rapport aux autres régions du pays.
La priorité serait d’accroître la
production agricole et de promouvoir sa performance et sa diversification. Ce
qui permettrait de répondre à une
demande alimentaire intérieure en croissance et aussi de valoriser le potentiel
de production du secteur à travers l’exportation. Pour les économistes du CMC,
la stratégie post-Covid devrait s’attaquer à l’amélioration du système de
production agricole et à la recherche d’une plus grande efficacité.
«Cette stratégie de développement
rural devrait viser, à travers l’amélioration des performances du système
productif dans les campagnes et l’accroissement de sa productivité,
l’élargissement du bassin d’emploi, générateur de revenu, d’inclusion et de
progrès social», détaillent-ils.
Une attention particulière devrait
être accordée à la protection de l’environnement. Car la dégradation du milieu
naturel et la fragilisation des sols peuvent représenter des contraintes
majeures pour l’optimisation du potentiel agricole du pays. La situation actuelle est marquée notamment par
la surexploitation des espaces forestiers, la dégradation des terres de
pâturage, l’érosion des sols, l’instabilité du climat et la progression de la
désertification.
De l’avis du Centre marocain de
conjoncture, la stratégie dédiée au rural devrait également intégrer la promotion des activités
para-agricoles, voire des activités en dehors de l’agriculture telles que le
commerce, la petite industrie, l’artisanat et les services. De quoi répondre Ã
la demande sociale de biens et services générée par la progression
démographique ainsi que l’amélioration graduelle du niveau de vie dans les
campagnes.
LE Maroc n’arrive toujours pas Ã
assurer son autosuffisance alimentaire. La production locale de certains
produits ne couvre pas les besoins tant en ce qui concerne la consommation
finale que la transformation. Selon le CMC, le déficit de production pour les
principaux produits d’alimentation atteint en moyenne 35% pour les céréales,
53% pour le sucre, 65% pour les huiles alimentaires et 10% pour les produits
laitiers.
Ce déficit peut même atteindre des
niveaux alarmants en situation de sécheresse aiguë donnant lieu à des
importations massives, notamment de blé. Les achats de blé dont la valeur
globale a dépassé 9 milliards de DH en 2019 représentent près de 20% des
importations de l’ensemble des produits alimentaires.
En intégrant le maïs, cette part
passe à plus de 30%. La filière céréalière représentera à l’avenir
un enjeu stratégique, indique le CMC. Les projections estiment la demande locale de céréales dans
les années à venir autour de 150 millions de quintaux par an. Or le potentiel
de production varie actuellement entre 70 et 90 millions de quintaux.
L’écart de production par rapport
aux besoins aura tendance à s’amplifier dans les années à venir en l’absence de
programmes spécifiques. Ceci étant, la
question de la sécurité alimentaire au Maroc se pose de façon beaucoup plus
globale.
Les insuffisances devraient être
appréhendées selon la démarche ciblant
«les filières de production déficientes et via une stratégie transversale
visant un développement intégré à la fois de l’agriculture et du monde rural»,
conseillent les économistes du CMC.