Malgré les maigres indices précurseurs
disponibles à ce jour, le CMC dont les analyses sont qualifiées de fiables a
élaboré une nouvelle esquisse des perspectives de croissance de l’économie
nationale pour l’exercice en cours.
D’après les nouvelles données, qui prennent en
considération les dernières informations relatives aux conséquences de la crise
sanitaire qui sévit actuellement au Maroc et partout ailleurs, l’économie
nationale devrait connaître « un taux de croissance négatif conjecturable du
Produit intérieur brut à prix constants de l’ordre de -3,2% pour l’exercice
2020 ».
Rappelons que dans ses projections de mars
dernier, le Centre marocain de conjoncture avait annoncé qu’il prévoyait une
croissance de 0,8% pour cette année. Un chiffre qu’il s’est empressé de
corriger sur la base des nouvelles données. Selon les explications de
l’observatoire privé, « cette contre-performance économique devrait découler du
retrait de l’ensemble des secteurs sous les effets multiples déclenchés par la
maladie du Covid-19, de la psychose et de la perte de confiance en passant par
les restrictions des déplacements et le confinement pour arriver au stade de
l’état d’urgence sanitaire ».
Pour établir ses nouvelles prévisions, le
Centre marocain de conjoncture a retenu un certain nombre d’hypothèses
présentées dans son 40ème numéro de sa publication « Info-CMC ».
Dans l’hypothèse que la crise sanitaire
prendrait fin au milieu de l’année et que la reprise ne redémarrera que plus
tard et d’une façon progressive, le CMC table sur une campagne agricole
2019-2020 assez sèche qui provoquerait un affaissement notable de la production
céréalière, laquelle ne dépasserait guère les 40 millions de quintaux.
Si le Centre est sceptique quant à l’effet
immédiat que produirait la baisse du taux directeur de Bank Al Maghreb d’un
quart de point sur l’économie réelle, il estime en revanche que « la politique
budgétaire largement accommodante, initiée par la création du Fonds spécial de
gestion de la pandémie du coronavirus et la solidarité agissante des Marocains,
pourrait bien faire éviter la faillite à un bon nombre d’entreprises et sauver
des emplois ».
Outre ces quatre hypothèses, le CMC axe
également sa prévision sur un redressement du prix du pétrole au milieu de
l’année pour se stabiliser autour de 50 dollars, après la chute qu’il a accusée
atteignant presque les 20 dollars, en supposant que l’inflation resterait
contenue à un niveau assez bas.
La dernière hypothèse présume enfin qu’« avec
l’élargissement de la bande des fluctuations possibles concernant les termes de
change, la parité du dirham pencherait plutôt vers une dépréciation par rapport
aux deux monnaies principales : le dollar et l’euro ».
Dans ses prévisions, le CMC indique que tous
les autres secteurs subiront les retombées néfastes induites par la maladie
Covid-19, à l’exception de la branche des produits pharmaceutiques, du secteur
du commerce et des services non marchands.
Concernant le secteur agricole, il pense qu’il
« devrait afficher une diminution de sa valeur ajoutée en volume d’environ 3%
en raison des conditions climatiques pernicieuses enregistrées durant l’hiver
», tandis que « les autres secteurs devraient pâtir des dégâts causés par le
coronavirus et ce à des degrés divers en accusant un ralentissement ou
carrément une baisse de l’activité ».
Très touché par la crise sanitaire, le secteur
de l’hébergement et la restauration devrait voir sa valeur ajoutée en termes
réels fléchir d’environ 25 % tant la reprise serait lente et difficile.
Dans sa note, le CMC souligne que les services
de transport aussi bien aérien, ferroviaire que routier devraient marquer le
pas et leur valeur ajoutée globale connaîtrait un fléchissement conséquent en
glissement annuel.
De son côté, le secteur de l’industrie
extractive devrait subir l’impact du rétrécissement des marchés extérieurs
induit par le mouvement dépressif de l’économie mondiale, a-t-il fait savoir.
Revenant sur la croissance pour 2020, le Centre
pense que son rythme perdrait de son tonus et pourrait connaître une baisse si
la situation reste en l’état.
« Dans cette texture anticipée de la croissance
de l’économie nationale pour l’année 2020, la contribution des activités des
industries manufacturières resterait modeste et se situerait en deçà de 1% aux
termes de l’année », a-t-il prévenu. Et de faire remarquer qu’aujourd’hui
certaines de ces activités peinent à trouver des marchés ou sont bloquées par
manque d’approvisionnement en matière première et produits intermédiaires.
Pendant ce temps, d’autres sont complètement Ã
l’arrêt comme la branche principale de l’industrie automobile qui, comme nous
l’avons annoncé dans une de nos éditions précédentes, devrait progressivement
reprendre ses activités industrielles, selon l’un des acteurs majeurs de ce
secteur.