Si l’économie marocaine réalise
parfois de piètres performances, ce n’est pas par manque de potentiel. Bien au
contraire. La faute est plutôt au modèle de croissance adopté et aux politiques
économiques mises en œuvre. C’est ce que montrent les résultats des simulations
que viennent de réaliser les économistes du Centre marocain de conjoncture
(CMC). Celles-ci font ressortir «un potentiel de croissance important pour
l’économie marocaine dans les années à venir qui pourrait atteindre et même
dépasser le seuil de 6% par an sur le long terme».
Encore faut-il actionner la bonne
formule qui consiste notamment en l’accélération du processus d’accumulation
des facteurs et d’amélioration de son efficience, selon le CMC. Sinon, le Maroc
risque de tomber dans l’un des deux autres scénarios esquissés par le Centre
qui font profiler stagnation ou régression, selon les mêmes simulations, dont
les perspectives d’évolution de la demande mondiale adressée aux entreprises
marocaines, les dépenses de l’État, la productivité et le taux de change sont
les principales variables exogènes.
Ainsi, selon les auteurs de cette
étude, la croissance de l’économie nationale pourrait atteindre selon le
scénario dit «d’émergence» la moyenne de 6,3% par an au cours de la période
2017-2030. Ce qui devra se traduire par un «impact significatif» sur les
revenus, les niveaux de vie et l’emploi. Le taux de chômage dans ce scénario
d’émergence pourrait se réduire à 7,5% à l’horizon de la projection. La
perspective économique présentée dans ce scénario est celle d’une économie réunissant
les conditions favorables à une «croissance forte, auto-entretenue et
inclusive», précise le CMC dans son dernier rapport annuel «Bulletin
thématique», axé sur les perspectives de croissance à l’horizon 2030. Cette
perspective, qui repose sur une vision optimiste de l’évolution de l’économie
nationale et de son environnement pour les prochaines années, simule la
trajectoire d’une économie en voie d’émergence, explique le CMC.
Ce qui n’est pas sans rappeler le
scénario de rattrapage économique accéléré, développé par la Banque mondiale
dans son dernier mémorandum économique pays destiné au Maroc et publié en mai
dernier. Ce scénario évoque l’hypothèse d’une hausse de la productivité totale
des facteurs de 2% par an et d’un accroissement du taux d’emploi de la
population en âge de travailler à 55% en 2040 contre 45% en 2015. Ce qui
donnerait lieu à une croissance tendancielle plus forte et durable d’au moins
4,5% par an jusqu’en 2040. Pour ce faire, le Maroc est appelé à opérer une
transformation structurelle profonde de l’économie et des gains d’efficience
substantiels, selon les économistes de la Banque mondiale qui insistent tout
particulièrement sur l’accumulation de capital immatériel.