L’hypothèse d’une récession de 5%
retenue dans la loi des finances rectificative est-elle trop optimiste? Car au
vu de la conjoncture qui semble loin de se rétablir tant que le plus grand
nombre ne s’est pas vu vacciner contre la Covid-19, le Maroc semble, de fait,
condamné à ce que son produit intérieur brut (PIB) se contracte au-delà de ce
seuil.
D’ailleurs, le ministre de
l’Économie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, au moment d’aborder pour la
première fois le 19 mai 2020 à la Chambre des conseillers les perspectives de
croissance de l’économie nationale pour 2020, parlait de -5% comme étant un
minimum et inscrivait plutôt cette croissance dans un intervalle pouvant
atteindre -7%. À se demander pourquoi, a posteriori, la loi des finances
rectificative s’est par conséquent basée sur le premier chiffre et non, comme
le voudrait le bon sens, le deuxième.
Même le Centre marocain de
conjoncture (CMC), qui tablait encore dans les premiers jours de l’état
d’urgence sanitaire sur un taux de +3,2%, a ramené, dans l’ultime numéro de sa
publication Maroc Conjoncture parue le 2 septembre, ses prédictions à -6,2%. M.
Benchaâboun et, avec lui, le gouvernement ont-ils voulu mettre le moins de
moyens dans la balance et continuer, par là même, de se plier au diktat des
institutions financières internationales, Fonds monétaire international (FMI)
en tête? La chose semble de plus en plus évidente à mesure que la reprise prend
du temps à advenir, du fait des dispositions de l’état d’urgence sanitaire qui
continue de s’appliquer sinon sur l’ensemble du territoire, du moins dans ses
principaux centres économiques et surtout dans le premier d’entre eux qu’est le
Grand Casablanca -en proie à un confinement partiel depuis ce 7 septembre.
Une politique “plus audacieuse”
De fait, une loi des finances
rectificative plus catastrophiste aurait commandé un effort financier plus
grand de la part du gouvernement, ce que ce dernier n’a jamais donné
l’impression de vouloir consentir. D’ailleurs, le fait que le roi Mohammed VI
l’ait, dans son discours du Trône du 29 juillet, convié à injecter davantage de
liquidités -120 milliards de dirhams- dans l’économie en dit long sur une
frilosité indisposant à l’évidence jusqu’en haut lieu.
Le CMC, toujours dans sa publication
susmentionnée, a ainsi incité le gouvernement à adopter une politique
budgétaire “plus audacieuse”, de sorte à ne plus être limité par la contrainte
de -7% de déficit public posée dans la loi des finances rectificative. “En
dépit de la pression exercée par la crise sur les marchés financiers, des
marges de manoeuvre pour l’économie nationale existent et restent à explorer
sans mettre les équilibres financiers en danger,” croit savoir le centre. Mais
le gouvernement voudra-t-il seulement l’entendre de cette oreille?.